Clan Saint Paul
Aime et fais ce que tu veux (Saint Augustin)

Le routier, un marcheur sur la route du bonheur
"L'homme, avant de croire au Christ n'est pas en route, il erre. Il cherche sa patrie mais il ne la connaît pas. Que veut dire : il cherche sa patrie ? Il recherche le repos, il cherche le bonheur. Demande à un homme s'il veut être heureux, il te répondra affirmativement sans hésiter. Le bonheur est le but de toutes nos existences."
d'après Saint Augustin
Les routiers sont l’équivalent des guides aînées chez les filles, c’est-à-dire les scouts les plus vieux, qui ont fini leurs années à la troupe, et qui décident de « monter à la route », dans une nouvelle unité : le clan. En règle générale, ils sont âgés de 17 et +. Beaucoup étaient scouts avant de nous rejoindre. Toutefois, la « Route » telle qu’on l’appelle, n’a pas vocation à interpeler seulement les jeunes qui sont des familiers des scouts, bien que cela s’inscrive parfaitement dans la continuité de tout ce que les jeunes ont reçu au cours de leurs années à la troupe.
Venons-en aux faits … Chaque année, un de nos rendez-vous préférés est la route d’été, que l’on nomme aussi « route Saint Jacques ». Derrière l’idée de marcher sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle, c’est tous les pèlerins qui nous ont précédés que nous aimons suivre, symboliquement. Nous sommes déjà partis marcher un peu partout en France : Vers le Mont Saint Michel (2009), la Grande Chartreuse (2010), Rocamadour (2011), Corbara en Corse (2012), Carcassonne (2013). Cette année, nous avons choisi de pousser encore plus loin nos pas : sur ceux de Saint François d’Assise, en Italie. Nous serons trente à y partir dans deux mois tout juste. Je crois que nous en sommes tous très heureux.
Qu’y a-t-il derrière la démarche de marcheur ? de pèlerin ? Pourquoi marcher ? Parce que le marcheur, nomade, va de ville en ville et de lieu en lieu, à la rencontre des gens et du monde. Il refuse le confort de la stabilité, la facilité qu’offre une installation toute faite. Bien sûr, il ne s’agit pas de chercher à tout prix le chemin le plus difficile, et de foncer tête baissée dans les obstacles. Nous marchons avec réalisme. Le monde recèle de merveilles et d’inconnu qui ne s’offrent pas au touriste lambda, car derrière toute pierre ou architecture, il y a une histoire humaine, sur chaque chemin, sont passés des milliers de pèlerins. A chaque carrefour, des conversions se sont faites. A chaque détour, un imprévu a changé nos plans. Quand on marche dans un pays, on expérimente tout cela. Un soir, en Corse, le maire d’un village de 5 habitants perché en pleine montagne, dans le cœur de l’île, avait, par ses récits, réussi à faire revivre sous nos yeux les réalités et les légendes qui habitent le sol que nous foulions depuis des jours, sans toutefois le savoir.
Il s’agit de ne pas refuser les difficultés qui sont se succèderont tout au long de notre vie. Nous portons des sacs. Ils ne sont pas seulement un instrument de marche. Ils symbolisent, d’une certaine manière, toutes les contradictions et les tribulations de notre vie, qui nous pèsent et dont nous aimerions tant nous débarrasser. Mais bon, il faut composer avec, car notre vie est faite aussi bien de peines que de joies, et l’on ne peut pas ignorer cela. Se mettre en route, c’est prendre à bras le corps le réel, consentir à son humanité avec ce qu’elle a de pénible et d’édifiant, de pesanteur et de grâce.
La vie nous bouscule mais pourquoi en serait-il autrement ? De tout temps, le marcheur a quelque chose à dire à Dieu ! Par l’effort que l’on fait, les renoncements auxquels on consent, c’est un chemin d’édification intérieure qui s’offre à nous, et qui nous invite à sortir de nous-même et à nous mettre au service des autres et à la suite du Christ.
Jésus dit bien « Celui qui veut être sauvé, qu’il porte sa croix chaque jour, qu’il renonce à lui-même et qu’il me suive ».
Foulques, CC